Chronique The Book Of Souls (2015)

The Book Of Souls

Chronique de l’album The Book Of Souls, par ead666

par ead666

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30 ans… Cela fait exactement 30 ans que je suis fan d’IRON MAIDEN. 30 années durant lesquelles le groupe a eu des hauts et des bas, étant même au bord du gouffre après le départ de Bruce en 1993 et après une tournée catastrophique aux US en 1998… Mais le Commandant de bord, Steve « Le Boss » Harris n’a jamais été du genre à baisser les bras. C’est un battant qui sait encaisser les coups pour revenir plus fort. Brave New Word en fut un parfait exemple, démontrant que le groupe en avait encore sous le pied et qu’il était capable de proposer une musique de qualité et renouvelée et pouvant satisfaire à la fois les anciens et les nouveaux fans.

Alors que la popularité d’IRON MAIDEN n’avait cessé de croitre ces dernières années et qu’on les pensait intouchables, voilà que son management annonçait le cancer de Bruce. Quel choc ce fut pour les fans… Mais là encore, l’autre pilier du groupe, Bruce Dickinson, était loin d’avoir dit son dernier mot et un communiqué officiel du groupe annonçait, courant mai, que le chanteur était définitivement sorti d’affaire.

C’est donc dans un climat quasi dramatique que s’est déroulée la longue attente du 16ème album de la Vierge de Fer, The Book Of Souls, d’autant qu’il s’agit d’un double album de 92 minutes, une première dans l’histoire de ce géant du rock anglais.

The Book Of Souls

Le single Speed of Light était un premier signal positif quant à la forme musicale du groupe et son souhait de revenir à un son plus agressif (ce qui faisait cruellement défaut au précédent album, The Final Frontier) mais il ne laissait rien paraître de la richesse et de l’inspiration de l’album à venir.

Et quel album ! C’est bien simple, le groupe, avec l’aide de Kevin Shirley, a réussi le tour de force de réaliser leur meilleur opus depuis Seventh Son Of A Seventh Son. Cela était loin d’être gagné d’avance car, tout d’abord détrôner Brave New World n’allait pas être évident, et ensuite The Final Frontier avait vu le groupe en légère perte de vitesse niveau inspiration, essayant de compenser avec des morceaux à rallonge pas forcément des plus réussis, à une ou deux exceptions près.

La recette employée par IRON MAIDEN cette fois-ci a été la spontanéité, à savoir enregistrer un morceau dès que sa composition était terminée, sans faire d’éternels cycles de composition / répétitions / finalisation / composition / enregistrement. Et cela s’entend et a dû guider le groupe vers des chansons contenant des parties bien plus agressives que dans leur précédent opus.

L’autre ingrédient de cette réussite réside dans le fait qu’il n’y a pas de remplissage et pas de répétitions inutiles comme on en trouvait régulièrement sur les disques de MAIDEN depuis The X Factor : tous les titres sont parfaitement calibrés, les idées de chacun des membres du groupe sont bien dosées, avec ce qu’il faut pour marquer au fer rouge leur empreinte musicale : basse galopante ou ronflante, duels de guitares, voix haut perché de Bruce et mélodies imparables.

Le groupe a enfin retrouvé une production digne de ce nom. Après le son approximatif de Dance Of Death et le manque de puissance flagrant de The Final Frontier, Kevin Shirley a réussi à redonner au son d’IRON MAIDEN le côté mordant et punchy qui faisait défaut depuis Brave New World.

Le dernier secret de la qualité de The Book Of Souls est l’ouverture d’esprit de Steve Harris, qui a définitivement mis de côté les querelles d’ego avec Bruce pour se concentrer uniquement sur la qualité de la musique… et bien lui en a pris car le chanteur est venu, avec sous le bras, deux énormes compositions, If Eternity Should Fail et Empire Of The Clouds (dont la composition fut terminée en studio).

Le premier est un titre écrit par Bruce pour son prochain album solo, mais retenu par le boss pour l’album de MAIDEN, tellement la démo de cette chanson lui avait plu.
If Eternity Should Fail commence par une intro au clavier légèrement orientale sur laquelle se pose la voix magnifique de Bruce a capella, puis la chanson démarre avec une superbe harmonie à deux guitares, typique d’Adrian et Dave, le tout sur un rythme mid-tempo. Le refrain et sa mélodie font mouche sur fond d’un riff bien lourd. L’album ne pouvait pas mieux démarrer car l’accroche est immédiate et la musique heavy et mystique nous transporte ailleurs avant qu’une accélération bien sentie déboule et montre tout le côté puissant retrouvé du groupe, complété par des harmonies à deux guitares de toute beauté. Premier morceau et certainement l’un des meilleurs du disque et sans aucun doute la meilleure entrée en matière d’un album du groupe depuis The Wicker Man sur Brave New World.

Pour le second morceau, Speed Of Light, nous sommes déjà en terrain connu car il s’agit du 1er single de l’album, sorti il y a 3 semaines, et mis en image dans une splendide vidéo retraçant à la fois l’histoire du groupe et celle des jeux vidéo. Pas de prise de risque sur ce titre avec un riff très accrocheur, plus rock que purement heavy metal mais très énergique et entrainant, relayé par des harmonies de guitares reconnaissables entre mille. Bruce illumine le refrain par ses montées dans les aigus démontrant qu’il n’a rien perdu de sa voix malgré ses 57 ans. Le meilleur single du groupe depuis bien longtemps !

Changement d’ambiance avec le morceau suivant, The Great Unkown, qui nous replonge dans le meilleur Maiden des années 2000 avec une musique à la fois heavy et sophistiquée : une belle intro calme mêlant basse / arpèges de guitares et chant murmuré de Bruce précède un démarrage sur un bon rythme, toutes guitares dehors, avec un couplet au rythme rampant débouchant sur un pré-refrain et refrain original sur un rythme plus enjoué. Bruce démontre toute la puissance de sa voix sur ce refrain, prouvant que l’âge n’a guère d’emprise sur sa voix exceptionnelle et qu’il reste l’un des tous meilleurs chanteurs actuels, après 40 ans de carrière ! Les 3 amigos enchainent avec une succession de soli bien sentis. Pas le morceau le plus facile d’accès à la première écoute mais qui dévoile son charme au fil du temps.

Après 3 chansons dominées par le talent de compositeur de Bruce et d’Adrian arrive enfin un titre écrit pas le Boss, The Red And The Black qui s’avère également être le seul morceau composé seul par Steve Harris. Avec ses 13 minutes affichées, on se doute que le morceau sera épique… et on ne sera pas déçu car il s’agit tout bonnement de la meilleure composition écrite en solitaire par Steve Harris depuis le magnifique Blood Brothers. Le titre démarre sur une intro à la basse, jouée en accord, puis un riff bien heavy débouche rapidement sur un rythme mid-tempo avant que Bruce chante une chouette mélodie légèrement celtique doublée par une guitare, cela étant du meilleur effet. Puis arrive une série « oohhh oohhh » fédérateurs qui feront un malheur en concert. La seconde partie du morceau (soit 7 minutes) est entièrement instrumentale, commençant sur le même tempo que le début de la chanson avec une succession de soli vraiment sympas puis changement de rythme à 9 minutes avec une nette accélération composée d’une avalanche de duels, de soli et d’harmonies de guitares de toute beauté. Un morceau épique taillé pour la scène. Harris s’est décarcassé pour enfin nous proposer son nouveau chef d’œuvre !

Décidé à ne pas lasser l’auditeur, le groupe a placé ensuite When The River Runs Deep, un brûlot joué sur un tempo rapide du début à la fin avec un riff très accrocheur, une mélodie faisant mouche et encore une fois un festival de guitares avec plus de 2 minutes de soli et de duels ! Que du bonheur.

Le premier CD se termine par le morceau titre de l’album, The Book Of Souls, sublime pièce musicale composée principalement par Janick Gers et s’inspirant du film « Apocalypto ». Avec une intro à la guitare acoustique, nous sommes en terrain connu car le guitariste avait déjà proposé ce style sur Dance Of Death et sur The Legacy mais la suite du titre diffère totalement : déboule un riff très heavy et lent avec une mélodie orientale du plus bel effet, chantée magnifiquement par Bruce qui sublime le morceau par sa voix dans un refrain de toute beauté. L’ambiance oppressante des guitares lourdes et de la basse claquante du Boss laisse ensuite la place à une monstrueuse accélération, menée par un énorme riff sur lequel viennent se greffer des soli et le chant de Bruce, avant de laisser la place à une splendide partie instrumentale avec les 3 amigos dégainant une série d’excellents soli inspirés. Définitivement l’un des moments forts de l’album qui fera un carton sur scène.

The Book Of Souls vinyle

Le second CD démarre pied au plancher avec Death Or Glory et son riff typique de la NWOBHM, avec des couplets bien trouvés et un refrain, efficace à défaut d’être très bon, évoquant les combats aériens de la 1ère guerre mondiale.

Avec le morceau suivant, Shadows Of The Valley, le groupe de l’East End réussit encore une fois à nous proposer une musique inspirée (superbe intro à la guitare enchainée par un riff bougrement heavy entrecoupé par des harmonies à 2 guitares) avec un final qui fera chanter le public avec ses « ohh ohhh ». Comme The Great Unknown et When The River Runs Deep, ce titre d’Adrian Smith est une merveille de composition qu’il faut écouter plusieurs fois pour en découvrir tout le charme et les subtilités.

Tears Of A Clown enchaine et il s’agit d’une surprise car le titre est assez différent de ce que le groupe a l’habitude de proposer. Cet hommage poignant à Robin Williams se déroule sur une musique accrocheuse au rythme syncopé, avec un Bruce tout en retenue. Un morceau simple, assez reposant mais au final très réussi.

L’avant dernier morceau de l’album, The Man Of Sorrows, est une composition de Dave Murray et l’on reconnait immédiatement sa patte lors de la belle intro à la guitare. La suite du morceau est du Maiden tel qu’on le connait ces dernières années, très mélodique. Rien de bien surprenant mais un morceau qui tient la route.

Le Boss avait bien raison en faisant des éloges à Bruce sur Empire Of The Clouds ! Ce morceau est un pur chef-d’œuvre, une sacrée belle pièce narrant l’histoire tragique du zeppelin R101, un mini opéra purement… progressif dans son sens exact… qui va crescendo depuis cette très belle longue intro du chanteur au piano puis ces orchestrations superbes qui viennent par-dessus. Suivent les guitares, la basse ronflante du boss et les parties de batterie de Nicko qui balance quelques roulements, rajoutant au caractère dramatique du morceau. Tout s’accélère petit à petit durant les 10 premières minutes du morceau pour arriver à une belle cavalcade avec les soli qui s’enchaînent et Bruce qui pousse un cri comme pour hurler son désespoir face à la tragédie qui se déroule (le zeppelin prend feu)… puis le crash à 14 minutes, la désolation… avec le morceau se terminant comme il a commencé par cette sublime mélodie au piano et guitare.

Alors oui, ce morceau est assez inhabituel pour MAIDEN… et c’est justement ce qui est fantastique. Le groupe a osé faire confiance à Bruce pour intégrer cet énorme pavé de 18 minutes sur l’album, montrant encore une fois qu’il est ouvert d’esprit et que, quand un morceau touche au sublime, même s’il est différent, et bien il a toute sa place sur un disque de MAIDEN. Un morceau qui fera date dans la carrière du groupe. Absolument pas un énième morceau épique à rallonge comme le groupe en fait depuis 15 ans. Non, au contraire, un morceau unique et tout simplement fantastique. Il le tient son chef d’œuvre Bruce !

Conclusion : le pari de faire un double album était risqué car le groupe s’était un peu fourvoyé sur The Final Frontier qui contenait trop de longueurs et de passages inutiles. Mais comme souvent dans sa carrière, IRON MAIDEN a su rebondir pour nous proposer en 2015 un double album de 92 minutes en tout point remarquable et qui devrait faire date dans la (longue) carrière du groupe. En réussissant à retrouver l’énergie de leurs jeunes années avec des parties et des accélérations bougrement heavy, tout en gardant le côté progressif très présent depuis 2000 et en ajoutant des innovations pouvant sembler au départ risquées mais qui s’avèrent au final totalement réussies, les Anglais viennent de proposer un nouveau chef d’œuvre à ranger aux côtés de Powerslave et de Brave New World, signe qu’IRON MAIDEN n’est pas près de prendre sa retraite !

Up The Irons!

Note : 9/10

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